Trizek tilhen stank-ha-stank
Treize ormes noirs épais et serrés
Stok-ha-stok war ar c’hleuz kras
A se toucher sur le talus désseché
Sonn o fenn en oabl glas
Leurs têtes droites dans le bleu du ciel
D’an amzer m’edon yaouank
Du temps où j'étais jeune
Int ‘oa dija bras
Ils étaient déjà grands
Trizek tilhenn en ur blokad
Treize ormes en un bloc
Boked glas-du
de bouquets vert-foncés
Divent, ramzel
immenses, gigantesques
War an dremmwell.
Sur l'horizon.
An tilh-mañ n’int ket va zra
Ces ormes ne sont pas ma propriété
Ar gwir am eus memes tra
J'ai le droit quand même
D’ober o diskar
de les faire abattre.
Emaint o sunañ sev va douar
Ils aspirent la sève de ma terre
Gant o gwrizioù ken hir. Met ne rin
Avec leurs racines si grandes, mais je ne le ferai pas
Bez’ e rafent diouer din
Ca me semblerait une absence
Rak un darn int eus an daolenn vev-se
Car ils sont une pièce du tableau vivant
a ra stern va buhez
Qui fait le cadre de ma vie.
Bez’ rafent diouer din
Ils me manqueraient
Bez’ int va ograoù
Ils sont mon orgue
Bez’ int va zelenn
Ils sont ma harpe
Pa c’hoari enno an avel
Quand ils jouent avec le vent
E vil notenn disheñvel
En mille notes dissemblables
Pa goag ar vran
Quand coasse le corbeau
‘N o skourroù noazh er goañv
Dans leurs branches nues en hiver
Pa sut ‘n o begoù du
Quand siffle à leurs sommets
Ar voualc’h beg melen
Le merle à bec jaune
Ha pa ziruilh eus o barr uhelañ
Et quand s'écoule de leurs cimes les plus hautes
Beradoù strinkennek
Des gouttes christallines
An eostig noz
Le rossignol
Anjela Duval - 10 a viz Here 1965